Le président ukrainien Volodymyr Zelensky lors d'un échange téléphonique, dans son bureau à Kiev, le 21 novembre 2025 ( UKRAINIAN PRESIDENTIAL PRESS SERVICE / Handout )
Des responsables ukrainiens, américains et européens doivent se retrouver dimanche en Suisse pour discuter du plan de Donald Trump visant à mettre fin à la guerre en Ukraine, au moment où Kiev craint d'être poussé à une capitulation face à Moscou.
Ce plan en 28 points est vu avec une grande inquiétude à Kiev puisqu'il reprend plusieurs exigences clés de la Russie, à savoir que l'Ukraine lui cède des territoires, accepte une réduction de la taille de son armée et renonce à intégrer l'Otan. Il offre cependant des garanties de sécurité occidentales à Kiev pour prévenir toute nouvelle attaque russe.
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a repoussé vendredi ce plan, que Donald Trump et Vladimir Poutine le pressent d'accepter, assurant qu'il allait proposer des "alternatives" aux Américains.
Un responsable américain a confirmé à l'AFP l'arrivée dimanche à Genève du secrétaire d'Etat Marco Rubio et de l'émissaire diplomatique de Donald Trump, Steve Witkoff.
Le même responsable a indiqué que le secrétaire américain à l'Armée Daniel Driscoll, qui a été reçu jeudi à Kiev par Volodymyr Zelensky, était lui déjà arrivé samedi dans la ville suisse.
"Nous aurons une pré-réunion informelle ce (samedi) soir autour d'un dîner" entre Américains et Ukrainiens, a-t-il précisé.
Selon une source interrogée par l'AFP, le conseiller à la sécurité nationale du président français Emmanuel Macron "ira demain à Genève avec ses collègues du +E3+ (Allemagne, France, Royaume-uni)" pour discuter "avec les Etats-Unis, l'+E3+ et les Ukrainiens".
L'Italie sera également représentée par le conseiller à la sécurité nationale de la Première ministre, Giorgia Meloni, selon une source diplomatique italienne.
A Johannesburg, en marge du sommet G20, le président Macron a annoncé une réunion mardi après-midi en visioconférence des pays soutenant l'Ukraine. Il a affirmé, en faisant référence au plan américain pour l'Ukraine, que sans "éléments de dissuasion, les Russes reviendront".
Le secrétaire du Conseil de sécurité ukrainien, Roustem Oumerov, a lui aussi annoncé samedi sur Facebook de prochaines "consultations entre de hauts responsables ukrainiens et américains sur les paramètres possibles d'un futur accord de paix" avec Moscou.
M. Zelensky a de son côté signé un décret formant la délégation qui sera chargée de participer aux pourparlers avec Washington, et dans le futur avec Moscou. Celle-ci sera menée par son bras droit, le chef de la présidence Andriï Iermak, et comprendra entre autres M. Oumerov, les chefs des services de sécurité et de renseignement et le chef d'état-major. Soit une délégation essentiellement militaire.
- Inquiétude européenne au G20 -
Donald Trump a donné jusqu'au 27 novembre, jour de la fête de Thanksgiving, à M. Zelensky pour donner sa réponse aux solutions proposées. "Il faudra bien que (ce plan, NDLR) lui plaise, et si cela ne lui plaît pas, alors, vous savez, ils n'auront qu'à continuer à se battre", a lancé le dirigeant américain devant les caméras de télévision.
En revanche, samedi, des sénateurs américains, démocrates et républicain, ont fait part de leurs "préoccupations importantes concernant les détails du plan" du président Trump.
"Nous n’obtiendrons pas cette paix durable en offrant concession après concession à Poutine et en dégradant fatalement la capacité de l’Ukraine à se défendre. L'histoire nous a enseigné que Poutine ne comprenait que la force et ne respectera aucun accord à moins qu'il ne soit garanti par la contrainte", ont écrit trois élus démocrates, un sénateur indépendant et un élu républicain.
Vladimir Poutine a de son côté estimé vendredi que le texte américain "pouvait servir de base à un règlement pacifique définitif" du conflit lancé en 2022. Il s'est dit prêt à une "discussion approfondie de tous les détails" du texte élaboré par Washington.
En cas de refus ukrainien, il a menacé de poursuivre les conquêtes territoriales sur le front, où son armée a l'avantage.
Face à la double pression américaine et russe, Volodymyr Zelensky a aussi entamé des consultations avec ses principaux alliés en Europe.
Réunis au sommet du G20 à Johannesbourg, 11 pays principalement européens ont estimé dans une déclaration que le plan américain "requerra du travail supplémentaire", craignant qu'il ne laisse l'Ukraine "vulnérable à de futures attaques".
"Les grandes puissances ne peuvent décider par-dessus la tête des pays concernés", a plaidé de son côté le chancelier allemand Friedrich Merz, soulignant que "selon l'issue de ce conflit, la sécurité de l'Europe sera affectée".
- "Illusion" de victoire -
Le vice-président américain JD Vance a réagi aux critiques visant ce plan, affirmant qu'elles "reposaient soit sur une mauvaise compréhension du cadre, soit sur une interprétation erronée de certaines réalités cruciales sur le terrain".
"Il y a l'illusion que si nous donnons simplement plus d'argent, plus d'armes ou imposons davantage de sanctions, la victoire est à portée de main", a-t-il ajouté.
Des médias, dont l'AFP, ont publié ces propositions américaines qui reprennent plusieurs demandes formulées par le Kremlin de longue date, à un moment où la présidence ukrainienne est déstabilisée par un vaste scandale de corruption impliquant des proches de M. Zelensky, où l'armée est en recul sur le front et où la population est soumise à des coupures de courant d'ampleur en raison des frappes russes.
Selon le texte américain, les deux régions du bassin minier et industriel du Donbass, Donetsk et Lougansk (est), ainsi que la Crimée annexée en 2014, seraient "reconnues de facto comme russes, y compris par les États-Unis", et Moscou recevrait d'autres territoires ukrainiens qui sont encore aujourd'hui sous le contrôle de Kiev.
La Russie verrait également son isolement à l'égard du monde occidental prendre fin avec sa réintégration au G8 et la levée progressive des sanctions, ainsi que son souhait d'éloigner à jamais Kiev de l'Alliance atlantique entériné dans la Constitution ukrainienne.
Kiev devrait limiter son armée à 600.000 militaires et se contenter d'une protection par des avions de combats européens basés en Pologne, tandis que l'Otan s'engagerait à ne pas stationner de troupes en Ukraine.
Selon un responsable américain, le plan comprend cependant des garanties de sécurité de la part de Washington et de ses alliés européens équivalentes à celles de l'Otan en cas de future attaque.

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